Les peintures d'Aline  - Retour

Les Carnets du Ciel IV




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L'Archange Muraille






Il était une fois...

Il était une fois, un mur immense qui s’élevait jusqu’au pied du Trône du Roi de Rois des Rois et qui s’enfonçait dans le sable des profondeurs océanes. Ses parois étaient glissantes comme la mousse des rochers caressés par les vagues. Personne n’osait s’en approcher car, selon une rumeur, il se dressait à la lisière ultime de la vie. Plus on se tenait à distance et mieux on vivait dans l’insouciance. Ce mur était le corps d’un archange chargé de dissimuler aux vivants de la terre ce qui se trouvait dans son dos. Il s’élevait de long en large, infranchissable et épais. Il était recouvert d’aspérités qui étaient autant de cicatrices et de blessures infligées par un autre archange, l’archange Mordoré.  Celui-ci le traversait de part en part pour aller chercher les vivants de la terre et les amener de l’autre côté de la vie.

L’arrivée fracassante de l’archange Mordoré dans le monde des humains, créait une brèche momentanée dans le corps de l’archange Muraille, au-dessus de laquelle venait se recueillir l'endeuillé, poussé par une force obscure. Des émanations funestes, grand mélange impur de vie et de mort entrelacées, s'exhalaient de la plaie ouverte du corps de l'archange Muraille au-dessus de laquelle l'endeuillé versait un rideau de larmes qui lui voilait ce qui se passait de l’autre côté de la vie. Quelquefois il parvenait à voir et de cette vision naissait la beauté terrifiante des pleurs.

(Yitgadal,  extrait Aline Mopsik)